Moon River

Moon River

Je sais que je mets sans cesse en avant la photo-thérapie, mais cette séance est encore un exemple de son pouvoir. Mélinda n’est à l’aise ni avec son corps ni avec son image et évite souvent les photographies trop “frontales”. Pourtant à chacune de nos séances elle a l’occasion de travailler son rapport à elle-même, de contrôler l’image qu’elle renvoie. Elle peut alors entrer sans crainte dans un univers où elle se plait à découvrir d’autres facettes d’elle-même, des reflets ondulant à la surface d’une rivière. 

Se retrouver face à l’appareil photo ce n’est pas comme se retrouver face à un miroir. L’image qu’il nous présente est déformée, changeante, mais cela ne veut pas dire qu’elle est fausse. Le reflet de la Lune dans l’eau, c’est aussi la Lune. Si cette dernière a une face cachée, il en va de même pour les personnes, et il est vain d’essayer ne serait-ce que l’apercevoir. C’est alors le reflet qui est montré pour qu’il puisse témoigner des aspects secrets d’une personne. Ce sur quoi on influe pour créer l’image désirée, ce n’est pas tant sur le reflet que sur le cours d’eau dans lequel il se matérialise. 

Tout cela est un travail à quatre mains, le modèle n’étant jamais un sujet passif qui attend le résultat comme dans un photomaton. La photographie n’est pas le plus important : ce qui compte avant tout c’est le courant, ce que l’on accepte de laisser couler entre nos doigts et ce que l’on veut retenir. 

Mélinda a épousé pleinement cette idée et les bénéfices ont été immédiats. Mais ce n’est pas une thérapie magique dont seule une séance vous changera à jamais. C’est un premier pas loin du jugement et de la peur. C’est un premier bain nocturne sous la Lune.